dimanche 12 juin 2011

Primaires, mode d'emploi

Qui pourra voter ?

Tout citoyen inscrit sur les listes électorales pourra choisir le candidat aux primaires.

Les membres des partis politiques organisateurs pourront également voter même s'ils sont mineurs ou étrangers. Pour voter, chacun versera une contribution de 1 € minimum. Cela permet de financer l'organisation matérielle des primaires. Lors du vote, en signant la liste d'émargement, le votant s'engage à soutenir le candidat vainqueur des primaires.

Comment se déroulera le vote ?

Des bureaux de vote publics seront ouverts pour chacun des tours de scrutin et permettront à chacun de voter.

Les bureaux de vote fonctionneront sur le même principe que les bureaux de vote républicains avec des urnes closes, des isoloirs, un président, des assesseurs, des scrutateurs, des délégués des candidats, un dépouillement public et un Procès Verbal de scrutin. Le vote est personnel et secret. Aucune procuration ou mandat ne sera autorisée. L'identité de chaque votant sera vérifiée à l'aide d'une pièce d'identité et de la liste électorale d’émargement.

L'ensemble du processus et du scrutin seront contrôlés au niveau national par une commission indépendante qui sera chargée de proclamer les résultats.

Qui peut être candidat ?

Tout candidat qui souhaite se présenter ne doit pas être empêché, cependant afin d’éviter les candidatures farfelues, les candidats devront réunir un nombre minimum de parrainages d'élus (conseillers généraux, régionaux ou parlementaires) sur l’ensemble du territoire.

Les candidats issus du Parti Socialiste devront réunir un nombre minimum de parrainages d'élus à savoir 5% de parlementaires socialistes ou 10% de conseillers régionaux ou généraux répartis dans au moins 4 régions françaises différentes.

Toutes les candidatures devront avoir été déposées au plus tard le 13 juillet 2011.

Comment se déroulera la campagne ?

Des réunions, des rencontres et des débats publics seront organisés localement. Ils permettront aux candidats et à leurs représentants de présenter leurs idées, leurs propositions et leur projet.
Ces événements permettront également à tout un chacun d'interroger les candidats et de faire des propositions. Certains événements seront télévisés.

Ces primaires sont donc celles de tout le peuple de gauche, mais au-delà de tous les Français, de tous ceux qui souhaitent participer à l’après Sarkozy. Ces primaires sont celles du peuple retrouvé, celui qui ne se laisse pas dicter son choix par les états-majors politiques et médiatiques qui font d’habitude les élections. Que chacun vienne donc comme il est à ces primaires : militant politique ou simple citoyen souhaitant le changement. Que chacun vienne faire entendre sa voix, en citoyen, sans avoir besoin de montrer sa carte de membre d’un parti politique. Contrairement aux primaires de 2007 réservées aux militants socialistes, ces primaires ouvertes et populaires de 2011 sont celles qui feront tomber tous les murs et qui concerneront tous ceux qui ont décidé de ne pas déléguer à d’autres l’invention de notre avenir commun.

Calendrier

- 28 juin au 13 juillet : dépôt des candidatures
- 9 octobre: premier tour de scrutin
- 16 octobre: second tour de scrutin
- 5 ou 6 novembre : grande convention d'investiture et de rassemblement
- avril et mai 2012 : 1er et 2nd tours de l'élection présidentielle

vendredi 10 juin 2011

L'affaire PSA donne raison à Montebourg

COMMUNIQUE D'ARNAUD MONTEBOURG (10/06/2011)


PSA, l'inacceptable


Une fois de plus la délocalisation fait planer son ombre sur l’industrie française avec PSA à Aulnay-sous-Bois et Sevelnord (6200 emplois menacés), alors que ce groupe n'est pas en difficulté.

A Aulnay est produite la nouvelle Citroën C3 qui caracole en tête des ventes de Citroën (310 000 en 2010). L’entreprise a renoué avec les bénéfices – grâce notamment à la prime à la casse – et a remboursé en avance le prêt de 3 milliards consentis par l’Etat pendant la crise. L’argent public ne saurait être engagé pour conduire au final à licencier des salariés.

Les engagements pris par les actionnaires de Peugeot en échange du soutien financier de l'Etat et de ses contribuables, de maintenir ses unités de production sur le territoire national, ne pourront qu'être tenus, faute de quoi leur non respect seraient littéralement une trahison.

Ce projet -s'il était poursuivi- est une pièce de plus à verser au casier judiciaire de la mondialisation libérale et destructrice qui met en concurrence les hommes, les territoires et les modèles sociaux. C’est elle qui aiguise la violence sociale et pousse les travailleurs du monde à s’affronter. Car à l’autre bout de la chaîne, il y a des ouvriers du sud qui espèrent pouvoir récupérer les miettes de la mondialisation que les multinationales leur laisseront, avant de délocaliser encore, là où le coût du travail est toujours plus cassé.

C'est pourquoi je propose un programme de démondialisation, consistant à proteger nos industries automobiles d'un excès de concurrence déloyale, par des quotas d'importations extra-européennes, ou la taxation des automobiles fabriquées à l'autre bout du monde sans ménagement pour les lois sociales et environnementales.

La démondialisation, c’est la relocalisation de la production, permettant à chaque ensemble régional de se développer en soutenant son marché intérieur. La démondialisation, c’est un projet favorable aux travailleurs des pays du nord qui ne supportent plus la désindustrialisation et ceux du sud qui n'en tirent pas assez de bénéfice.

jeudi 2 juin 2011

Qu'est ce que la démondialisation?


« Je propose un autre chemin au pays pour relever la France et renouer avec sa tradition productive : la démondialisation. C’est un processus politique visant à reterritorialiser l’économie en rapprochant les lieux de consommation et de production » - Arnaud Montebourg

Qu’est-ce que la « démondialisation » ?

Un constat économique et social : la « mondialisation » marchande, en régime de libre échange, a conduit à mettre en concurrence des ouvriers, des employés, des ingénieurs vivant sous des régimes sociaux très divers. Cette concurrence a provoqué, dans les pays du Nord, des délocalisations, des destructions d’emplois, ainsi qu’une baisse généralisée des salaires, tandis qu’elle a contribué à accroître les fragilités structurelles des pays du Sud, dotés d’une demande intérieure très fragile.

Un constat écologique : la globalisation libérale a les yeux rivés sur des résultats strictement financiers. Elle ne voit pas les nombreux dégâts qu’une telle obsession cause à notre environnement : carbonisation de l’économie, pollution accrue par la surconsommation et les transports inutiles, gaspillage des ressources naturelles, transfert des déchets toxiques dans les pays du Sud, etc.

Un constat politique : depuis près de vingt ans, l’idéologie libérale s’est imposée comme un paradigme dominant l’élaboration des idées politiques. Toute pensée alternative, susceptible de remettre en cause de façon générale le régime libre-échangiste défendu par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a été systématiquement rejetée comme « utopique » par des experts très ennuyeux. Aujourd’hui, force est de constater la crise de la social-démocratie : les réponses qu’elle propose ne sont plus adaptées aux enjeux contemporains.

Une volonté de réaction à l’échelle nationale : afin de réparer les dommages causés, en France, par la mondialisation libérale, une réaction politique est nécessaire. L’Etat doit à nouveau définir et soutenir une politique industrielle innovante susceptible de rapprocher les centres de production des lieux de consommation, ainsi que d’améliorer les conditions d’emploi et de rémunération des travailleurs français.

Une volonté de réaction à l’échelle européenne : les traités et textes juridiques communautaires, d’inspiration néolibérale, ont promu une politique contraignante de libre concurrence et de rigidité budgétaire inadaptée aux besoins des pays européens. Il est temps de discuter d’une nouvelle stratégie industrielle commune, écologiquement responsable avec nos voisins européens, à commencer par l’Allemagne.

Bilan : Démondialiser consiste à fonder une nouvelle pratique de la frontière et de la protection. La frontière non seulement pour protéger, mais aussi pour muter. Demain, aux frontières de l'Europe, il faudra faire en sorte que les produits importés payent le juste coût écologique et social défini par des accords bilatéraux. C’est une forme de conditionnalité à l’entrée des produits. Toutefois, il ne s’agit pas de pénaliser les pays du Sud pour protéger le Nord. Nos industries ne peuvent s’abstraire de l’effort de mutation. Elles aussi, via une taxe carbone, devront supporter le poids de la mutation. La démondialisation repose ainsi sur la réciprocité et l’adaptation commune à de nouvelles normes. Les sommes récoltées aux différentes frontières pourront alors être utilisées dans des fonds de conversion écologique des industries, prévus par le protocole de Kyoto.

Quelques chiffres :

- Le taux de croissance annuel du salaire net moyen, qui s’élevait à près de 4% dans les années, a chuté à moins de 1% depuis les années 1980. Il est tombé à 0,4% entre 2000 et 2004.
- En 30 ans, environ 2 millions d’emplois industriels ont été détruits en France.
- Les délocalisations seraient responsables du chômage de 4% de la population active française.
- Les déchets électroniques croissent au rythme de 40 millions de tonnes par an dans le monde.

Quelles sont les propositions soutenues par Arnaud Montebourg – « candidat de la démondialisation » – et le mouvement « Des idées et des rêves » ?

Doter l’Union européenne (UE) d’une « diplomatie écologique et sociale » pour faire intégrer dans les traités de l’OMC de nouvelles conditions non-marchandes. Son rôle sera de faire intégrer dans les traités de libre échange de l’OMC de nouvelles conditions non-marchandes, afin de garantir que la compétition ne se fasse pas au détriment du travail et de l’environnement.

Invoquer les règles sanitaires, sociales et environnementales pour encadrer le commerce mondial. En invoquant dès à présent l’article XX du GATT qui octroie des dérogations aux obligations du Traité de l’OMC si sont en jeu certains critères d’intérêt public.

Créer une agence française sanitaire, sociale et environnementale chargée de calculer le coût social et économique des biens. Cette agence sera capable d’établir un « juste coût carbone », mais aussi sanitaire et social, produit par produit, et de proposer à l’Union Européenne des mesures anti-dumping.

Instaurer une taxe carbone extérieure aux frontières de l’UE, et reverser les sommes collectées aux au Fonds d’adaptation prévu par le protocole de Kyoto. Egalement, instaurer par des traités bilatéraux un système de préférences commerciales au bénéfice des pays s’adaptant au mieux et au plus vite aux normes sociales et écologiques internationales. 

Créer une taxe carbone européenne progressiste et progressive, à l’intérieur de l’UE. Cette taxe intérieure encouragerait les entreprises à changer leurs manières de produire et établirait une équité avec les firmes non-européennes soumises à la taxe carbone extérieure.

Adopter, en France, une loi faisant appliquer la responsabilité sociale et environnementale (RSE) des entreprises transnationales produisant dans les pays à faible coût, afin d’engager la responsabilité des maisons mères dont les filiales adoptent, à l’étranger, des comportements caractérisant des « fautes lourdes ».

Obliger toute entreprise cotée en bourse à publier un rapport annuel sur l’impact social et environnemental de leurs activités.

Pour aller plus loin, lire notamment :
- Arnaud Montebourg, Des idées et des rêves, Flammarion, 2010
- Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Globalisation, le pire est à venir, La Découverte, 2008
- Walden Bello, Deglobalization: Ideas for a New World Economy, (en anglais) Zed Books, 2002
- Naomi Klein, No logo. La tyrannie des marques, Actes Sud, 2002
- Jacques Sapir, La démondialisation, Le Seuil, 2011
- John Saul, Mot de la globalisation, Payot, 2006

Des propositions pour gagner la bataille du futur

L’ECONOMIE & LA DEMONDIALISATION
Favoriser la démondialisation des économies
Mettre la finance au service du bien commun : Augmenter le coût de la prise de risque spéculative
Fonder une véritable autorité des marchés à l’échelle européenne
Démanteler les paradis fiscaux
Créer de nouveaux mécanismes de surveillance des banques et Séparer les métiers bancaires
Amener toutes les opérations dans le bilan des entreprises
Atténuer les conséquences de la dette et Conclure un contrat national de désendettement du pays
Accepter et tolérer un peu d'inflation, maîtrisée et contenue

LE CAPITALISME COOPERATIF ET MUTUALISTE
Étendre un nouveau modèle de capitalisme coopératif
Soutenir les coopératives d’activités et d’emploi
Soutenir et développer la finance solidaire
Favoriser la reprise en sociétés coopératives de sociétés viables, mais mises en faillite ou délocalisées
Créer un fonds souverain coopératif
Faire entrer les salariés dans les conseils d’administration des sociétés cotées en bourse
Rendre incompatibles les licenciements économiques avec la distribution de dividendes

LE RENOUVEAU PRODUCTIF
Attacher les bonus aux progrès réellement réalisés par l’entreprise
Fonder une politique publique de crédit
Créer au profit des consommateurs des actions de groupe à la française
Attirer les chercheurs et miser de nouveau sur le crédit impôt-recherche

L’ECOLOGIE
Utiliser l’outil fiscal pour réaliser l’accélération de la conversion de l’économie
Constituer une Union renforcée des Etats européens des énergies renouvelables et durables
Dépasser le PIB : Créer de nouveaux indicateurs permettant de mesurer le développement
Instaurer une taxe carbone progressive et progressiste
Construire une fiscalité pollueur-payeur sur les rejets et déchets
Lancer un grand plan d’éco-rénovation du bâti

UNE NOUVELLE FRANCE

Un référendum pour faire naître la VIe République
Rendre l'information publique accessible à tous
Lutter contre la ségrégation territoriale : Rendre le pouvoir aux élus locaux pour l’attribution du logement
social et Créer un ministère d’Etat chargé de coordonner et répartir les services publics sur nos territoires
Reconnaître et promouvoir la diversité
Organiser une politique d’immigration juste et profitable pour tous
Organiser les conditions de financement du culte musulman dans le respect de la loi de 1905
Donner le droit de vote aux étrangers
Ecrire l’histoire partagée des deux rives de la Méditerranée

L’EUROPE
Mettre la convergence sociale et fiscale à l’agenda immédiat de l’Union européenne
Doter l’Union européenne d’un gouvernement économique et d’une « diplomatie écologique et sociale »
Doter l’UE d’un véritable budget communautaire
Instaurer une taxe carbone extérieure aux frontières de l’UE
Doter l’UE d’un instrument communautaire de surveillance sur les investissements sensibles
Passer un accord industriel stratégique avec l’Allemagne
Investir conjointement dans l’économie de l’avenir

Morceaux Choisis Candidature Arnaud Montebourg


Morceaux Choisis Candidature Arnaud Montebourg par idees_reves

Annonce candidature Présidentielles Arnaud Montebourg


Annonce candidature Présidentielles Arnaud... par idees_reves

Primaires PS : Montebourg, un peu d'air frais ? (Philippe Cohen - Marianne | Jeudi 28 Avril 2011)

Arnaud Montebourg consulte et rallie des intellectuels, rassemble ses réseaux et s'arme sur le Net en vue de la bataille des primaires socialistes qui débutera le 16 juillet. Il mise sur la radicalité et la singularité de son projet face à deux candidats mainstream, François Hollande et DSK, que peu de choses différencieront en dehors des performances respectives de leurs régimes amaigrissants.


Pour la fusée Montebourg, le compte à rebours a commencé. Jour après jour, le député de la Saône et Loire peaufine son dispositif pour les primaires socialistes qui démarreront le 16 juillet pour s'achever par les scrutins des 9 et 16 octobre.

Arnaud Montebourg n'a pas beaucoup d'illusions sur un Parti socialiste qui, muet sur la mondialisation depuis des années, a offert tout un électorat populaire sur un plateau d'argent à Marine Le Pen. « Si la gauche ne gagne pas en 2012, le PS éclatera. », lance-t-il, songeur mais on ne sent pas que cette hypothèse le ravit. Le PS vu de sa fenêtre ? Une machine à broyer l'innovation et le renouveau des idées. Une machine qui tend irrésistiblement à couper du peuple l'électorat du PS, quitte à le rétrécir toujours davantage. « Aux lecteurs du Monde ? » plaisante-t-il avec un sourire doux-amer. Une machine qui a failli le tuer lui-même lorsqu'il a tenté de faire des compromis, avec Ségolène Royal puis avec Martine Aubry. Il en a récolté une image de jeune politicien tacticien prompt aux compromis utiles à sa carrière.

Un malentendu, explique-t-il aujourd'hui. Après avoir rassemblé la gauche du non au TCE (48% au référendum interne de 2004 tout de même), il a été abandonné par ses alliés (Vincent Peillon notamment) au Congrès du Mans de 2005, ce qui a abouti à la dilution de son courant NPS (Nouveau parti socialiste), les statuts ne lui permettant plus de disposer des parrainages suffisants pour maintenir son courant. Il a cru bon ensuite de bâtir une alliance avec Ségolène Royal, qui a ensuite piétiné ses deux exigences - la lutte contre la mondialisation et la VI° République -. Montebourg insiste sur le fait que sa ligne n'a pas varié, comme s'il tenait absolument à démontrer une constance et une pugnacité qu'il n'a pas toujours su manifester dans le passé.

Mais comme tout challenger - c'est bien la moindre des choses - Arnaud Montebourg croit aujourd'hui en ses chances. Son premier atout est d'être le seul candidat de rupture à gauche. Partisan de la démondialisation et d'un « protectionnisme vert », son credo lui parait aujourd'hui en effet le seul opposable à gauche à celui de Marine Le Pen. Il pense incarner le seul programme d'alternative au sein d'une gauche dont l'image est de plus en plus gestionnaire, en décalage avec des classes populaires et moyennes affolées par la mondialisation.

Le vote utile va s'imposer à gauche

La synthèse entre l'écologie et le protectionnisme, qu'il a explicitée sur 300 pages dans son livre Des idées et des rêves (1), était plutôt inattendue. On aime bien Gramsci et son hégémonie culturelle du côté de chez Montebourg et le contexte sert ladite synthèse : la désindustrialisation de la France sera l'un des thèmes forts de la campagne 2012; et, adoubé par les enjeux de l'écologie, le protectionnisme gagne plus facilement une vraie légitimité parmi les intellectuels et les classes moyennes. Quand au peuple français, chacun sait que, dès qu'on lui pose la question, il se prononce à une écrasante majorité pour la protection, toutes les études en témoignent. Mais le peuple votera-t-il aux primaires ?

Une chose est sûre : sur ce terrain, le positionnement de Montebourg est singulier et son directeur de cabinet, Gaël Brustier, un ancien du Mouvement des citoyens, auteur de livres salués dans ces colonnes (2), se réjouit de voir la bonne humeur s'installer entre jeunes chevènementistes et ex-militants du pôle écologique du PS qui s'apprêtent à animer la campagne des primaires.

Qui d'autre en effet ? Jean-Luc Mélenchon ne mord pas sur l'électorat populaire, du moins selon les sondages. Son allié communiste aussi discret que pesant, le contraint à ne pas trop s'écarter d'une ligne politiquement correcte, façon « Good bye Lénine » de la social-démocratie. Il ne parlera ni de sécurité ni d'immigration sauf pour défendre les sans-papiers, et on a vu qu'il était passablement gêné aux entournures sur l'euro. En outre, que deviendront les candidatures écolo et Front de Gauche lorsque la gauche tétanisée par le risque d'une élimination au premier tour, sonnera le tocsin de la lutte anti-Le Pen ?

En réalité, selon les calculs d'Arnaud Montebourg, les primaires socialistes seront le seul vrai débat de  l'élection présidentielle. Nous vivrons ensuite une campagne à trois forces centrifuges - UMP, PS, FN - qui lamineront tout le champ politique. Plus encore qu'en 2007 où l'on sentait bien l'affaiblissement du Front national, le vote utile s'imposera à gauche. D'ailleurs, des primaires ouvertes à toute la gauche définiraient, en pointillés, selon lui, les contours d'un grand parti de gauche.

La gauche du PS, - Henri Emmanuelli et Benoît Hamon - est encalminée par son alliance avec Martine Aubry, laquelle est pieds et poings liés avec DSK. Pour le staff de Montebourg, l'affaire est pliée : la première secrétaire du PS ne pourra pas rompre le pacte dit de Marrakech, car son maintien contre DSK ferait le jeu de François Hollande, en divisant par deux l'actuelle majorité. En confirmant son ralliement, le maire de Lille gagnerait son ticket pour Matignon en cas de victoire de DSK, alors qu'elle perdrait sa majorité au PS en ferraillant avec l'homme du FMI.

Enfin, Ségolène Royal, bien qu'elle affirme encore l'inverse, ne sera pas, selon Montebourg, candidate jusqu'au bout. Mieux vaudra pour elle pactiser avec Strauss-Kahn en évitant de mesurer son poids électoral déclinant au sein de la gauche. Attentifs aux « quali », ces études donnant la parole aux futurs électeurs des primaires, les montebouriens affirment en effet que la Présidente de Poitou-Charentes est décrédibilisée pour une très large majorité d'électeurs de gauche.

Une fois débarrassée « des deux filles », la route du 9 juillet serait ainsi plus ouverte qu'il n'y parait pour le député de la Saône et Loire : si la compétition ne concernait que trois candidats - DSK, Hollande et Montebourg -, ce dernier pourrait alors se déployer à l'abri des deux autres candidats. D'abord parce que les troupes dskistes attaqueront frontalement les hollandais et parmi eux nombre d'élus soucieux de ne pas se mettre en difficulté lors des prochaines échéances électorales, les seules qui comptent pour leur carrières. Ensuite parce que, sur le front des idées, Hollande n'est qu'un sous-produit du strauss-kahnisme. Peu de choses séparent en effet les deux candidats réformistes : ils sont européistes, partisans de l'orthodoxie budgétaire et libre-échangistes, même si l'un et l'autre auront la tentation de gauchir leurs discours. DSK a déjà commencé en évoquant le mot-fétiche de Montebourg, démondialisation. Quant à François Hollande, son contact avec Jean-Pierre Chevènement montre qu'il songe lui aussi à passer à gauche, un grand classique des batailles internes au PS.

Qu'importe, pour Montebourg la bataille Hollande-DSK sera illisible, « deux nègres dans un tunnel » lance-t-il. Là réside sa chance : alors que dskistes et hollandais se déchireront à coup de chantages aux postes ministériels et locaux, la charge légère de la brigade Montebourg pourrait le hisser au deuxième tour des primaires. Dès lors, tout serait possible.

Mobiliser très au delà du PS

Au fait Montebourg, combien de divisions ? Le député dispose il est vrai de moyens limités. Ses points d'appui se situent en Bourgogne bien sûr, mais aussi dans le Nord-est de la France, en Languedoc-Roussillon et en Rhône-Alpes. Il bénéficie aussi du soutien de l'ex-pôle écologique du PS de Géraud Guibert, quelques centaines de militants tout de même. Il compte bien élargir son audience durant la campagne des primaires. D'abord, toute la gauche du PS, et une bonne partie des aubrystes ralliés au Maire de Lille pour s'opposer à DSK, se sentira trahie dès lorsque Martine aura pactisé avec Dominique. Certes, Hamon et Emmanuelli plieront, mais leurs troupes se sentiront plus proches des idées de Montebourg que de celles de DSK. Deuxième atout, son fort engagement écologique - il défend un protectionnisme « vert » - peut lui faire gagner des suffrages dans cet électorat dont une partie votera aux primaires socialistes. Enfin, la fibre républicaine de Montebourg, vivifiée par des relations anciennes et maintenues avec Jean-Pierre Chevènement, peut faire du candidat Montebourg un rasoir à trois lames. Il vient d'ailleurs de s'adresser aux Radicaux de gauche, autre famille orpheline de la gauche DSK pour leur proposer de participer aux primaires.

Il y a aussi la question des moyens. La règle des primaires limite à 60 000 euros le plafond de campagne. Montebourg ne sera donc pas désavantagé. Il bénéficiera en outre du soutien de la Netscouade sur Internet, plus gros budget de sa campagne interne, l'équipe qui avait assuré le succès de Ségolène Royal avec Désirs d'avenir. Le site desideesetdesreves.fr, fonctionne déjà depuis novembre 2010. Montebourg a pris langue avec plusieurs intellectuels non conformistes, comme Hakim El Karaoui ou l'économiste Jean-Luc Gréau, qui a été longuement interviewé sur le site. Emmanuel Todd, qu'il a rencontré plusieurs fois, va préfacer un petit ouvrage « agitatif » une sorte de manifeste vendu 2 €  : Voter pour la démondialisation (3). Montebourg y prendra position assez clairement pour une politique plus offensive à l'égard de l'Allemagne, assez hétérodoxe par rapport aux violons socialistes sur le couple franco-allemand. Enfin, Aquilino Morel, l'ancien conseiller de Lionel Jospin, devrait devenir l'un de ses porte parole, tandis que Benoït Thieulin, le patron de la Nestcouade, fait partie du staff rapproché du candidat.

Un électorat flou

La campagne des primaires socialistes conserve cependant une inconnue de taille : c'est la seule élection dont on ne connait pas le périmètre électoral puisqu'il suffira de pas grand chose pour voter. Et le résultat ne sera pas le même selon que le corps électoral sera de 500 000, un ou quatre millions de personnes. En s'investissant dans l'organisation des primaires, Montebourg a voulu torpiller - en l'ouvrant - un système qui écrase selon lui les idées au profit des batailles d'appareil.
 
L'incertitude du scrutin repose donc en grande partie sur son caractère inédit. Mais comment prôner la rupture avec le système tout en restant dans le cadre unitaire puisque chaque compétiteur devra s'engager derrière le vainqueur ? Comment crédibiliser un combat pour la démondialisation tout en acceptant de rallier ensuite celui qui restera, pour longtemps encore, l'ex-patron du FMI ? Pour réveiller un électorat de gauche anesthésié par toutes les raclées électorales et sociales subies depuis 2002, il faut sans doute taper fort. Arnaud Montebourg, le moins médiatique des candidats, peut-il y parvenir dans une campagne en forme de sprint de moins de deux mois (si on compte la trêve estivale) ? On le souhaite, ne serait-ce que par aversion pour un duel Hollande-DSK qui se jouerait davantage sur le tour de taille et le maintien médiatique que sur les idées. Montebourg, un peu d'air frais comme disait Orwell ?

"Votez pour la démondialisation" est sorti !


Le nouveau livre d'Arnaud Montebourg, préfacé par Emmanuel Todd, Votez pour la démondialisation, est sorti ce 25 mai en librairie. Il ne coûte que 2 euros pour que chacun puisse le lire.

Dans cet ouvrage, le candidat explicite son projet de démondialisation, qui vise à créer le modèle de l'après crise et ainsi rompre avec la globalisation néo-libérale et en finir avec les délocalisations et la baisse des salaires.

Vous trouverez Votez pour la démondialisation chez votre libraire.


Le clip de campagne d'Arnaud Montebourg


le clip de campagne d'Arnaud Montebourg par idees_reves