lundi 31 janvier 2011

Changer la vie (Paroles de Herbert Pagani musique de Mikis Théodorakis)


" Les voix des femmes, et les voix des hommes
Ont dû se taire beaucoup trop longtemps
Ne croyons plus aux lendemains qui chantent
Changeons la vie ici et maintenant
C'est aujourd'hui que l'avenir s'invente
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l'argent
Écrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments
France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant
Ne versons plus au nom de leur puissance
Notre sueur, nos larmes, notre sang
Les travailleurs travaillent pour la France
Pas au profit de quelques possédants
Pour partager les fruits de l'abondance
Changeons la vie ici et maintenant
Prendre la parole
Décider nous mêmes
Libérer nos vies des chaînes de l'argent
Faire du bonheur notre monnaie courante
Maîtriser la science et dominer le temps
France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant
Il nous faudra reprendre en main nos villes
Qui ne sont plus que des ghettos géants
Où le printemps n'a plus le droit d'asile
Où meurent les vieux, les arbres, les enfants
C'est dans nos propres murs qu'on nous exile
Changeons la vie ici et maintenant

Prendre la parole
Décider nous-mêmes
Libérer nos vies des fleuves de ciment
pour ne plus mourir de l'air que l'on respire
Et pour pouvoir vieillir auprès de nos enfants
France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant
Un siècle meurt, un millénaire commence
Plus de prisons, de cages et de camps
Tendons la rose rouge de l'espérance
Aux opprimés de tous les continents
L'histoire est là qui nous offre une chance
Changeons la vie ici et maintenant
Libérer la femme
Libérer l'école
Donner la parole aux frères émigrants
Ecrire notre histoire à la première personne
Être enfin des hommes et non des instruments
France socialiste puisque tu existes
Tout devient possible ici et maintenant."

samedi 29 janvier 2011

Du capitalisme coopératif et mutualiste (Sur le site des idées et des rêves)

Etat des lieux : la richesse confisquée, le travail abîmé

Le système économique a perdu la tête et s’est retourné contre les gens. Pendant les presque 14 années de ma vie politique, j’ai vu la condition ouvrière changer, le travail dans les usines se durcir, le productivisme devenir cruel pour les êtres humains et leurs corps, avec des cadences augmentées, la réduction des pauses, la modération salariale, la cruelle absence de solidarité entre les ouvriers. Le prix payé par les employés à la profitabilité de leurs entreprises est devenu souvent intenable dans la vie quotidienne des usines. Finalement, ouvriers, cadres, syndicalistes, même directeurs d'usines, élus locaux, parlementaires, peu importe, nous sommes tous devenus les otages enchaînés de ce système qui n'a plus le sens de l'être humain, de la modération et de l'équilibre.
Quand la richesse est confisquée, et que le travail est dégradé, c’est toute la France qui paie le prix fort. Cette France du prix fort, c’est celle dont le pouvoir d’achat s’amenuise, celle qui travaille dur et qui peine à vivre, celle à qui on ne propose pas de travailler plus, sinon pour gagner autant. Cette France du prix fort, c’est celle des ouvrières des usines de l'agroalimentaire, qui contractent des maladies professionnelles sous la pression des cadences. Elles ne sont d'ailleurs pas seules. Désormais, le travail souvent payé au lance pierres rend malade. Aux troubles musculo-squelettiques des ouvrières répond le stress des cadres, les vagues de suicides dans certaines grandes entreprises. Cette France du prix fort, c'est celle du labeur et du courage – sur les chaînes des usines, aux caisses des supermarchés, sur les plateformes téléphoniques – qui se voit refuser le partage du fruit de ses efforts.

Bienvenue dans le capitalisme coopératif

Le moment est venu d’imaginer à grande échelle, à partir de notre préférence pour l’humain, une nouvelle organisation économique, aux fondements, règles et buts différents : le capitalisme coopératif. Une entreprise coopérative est un assemblage efficace de capitalistes et de travailleurs poursuivant des buts économiques, sociaux et éducatifs communs, par le moyen d'une entreprise dont le fonctionnement est démocratique et la propriété collective. Les capitalistes y sont travailleurs et non rentiers ou financiers, et les travailleurs y sont capitalistes, car ils capitalisent le fruit de leur travail.

Un modèle viable

Ce capitalisme n’est pas un idéal lointain et idyllique de doux rêveurs qui ne connaitraient rien à l’économie moderne. Qui sait qu’aujourd’hui 2 246 000 salariés français sont concernés par ce modèle alternatif ? Prenons des exemples. Le monde coopératif agricole français pèse aujourd'hui 80 milliards d’euros et emploie 150 000 salariés (Candia, Douce France, Prince de Bretagne ou Savéol sont des coopératives). Mais le monde coopératif n’est pas qu’agricole. Le groupe Chèque Déjeuner, groupe international au demeurant, est un modèle du genre. 9,1% de nos entreprises sont coopératives, soit plus de 215 000 établissements auxquels il faut ajouter 182 000 associations, 23 900 coopératives (hors agriculture), 7180 mutuelles. Le modèle coopératif est une manière de répondre à nos maux.
  • C’est un secteur créateur d’emplois : entre 2006 et 2007 le taux de croissance de l’emploi dans le monde coopératif a été de 4,7% contre des taux de croissance des emplois de 3,8% dans le privé et 1% dans le public.
  • C’est un modèle discret mais présent dans nos vies : 60% des dépôts bancaires se font dans des banques de l’économie sociale et solidaire. 1 véhicule sur 2, comme 2 habitations sur 3 sont couverts par une mutuelle d’assurance (qui regroupent 16 millions de sociétaires). 38 millions de personnes sont couvertes par une mutuelle de santé et de prévoyance. 90% des établissements pour personnes handicapées et 45% des maisons de retraite sont gérées sur le mode associatif.
  • C’est un modèle économique favorable à l’emploi des femmes. Dans le monde coopératif, les femmes représentent 65,9% des salariés, soit beaucoup plus que dans le public et le privé.
  • C’est un modèle économique favorable à l’emploi des seniors. Dans le monde coopératif, les seniors représentent 26,5% des salariés contre 21% dans le privé.

De l’économie du poing fermé à l’économie de la main tendue

Le capitalisme coopératif est celui qui associe des hommes et des femmes qui décident librement de leur destinée collective. C’est celui qui assure la primauté de l’homme sur le capital. C’est le moyen d’insérer de la démocratie dans l’économie, de faire renaître la société souvent étouffée par un marché brutal ou un Etat procédurier. Le capitalisme coopératif, c’est l’exact opposé de notre modèle dans lequel les travailleurs sont maltraités et les consommateurs réduits à la passivité. La forme coopérative est le moyen de redonner du sens au travail, de casser la souffrance induite par une organisation qui broie les hommes. C’est l’économie au service de l’intérêt général et de l’utilité sociale. En somme, c’est un secteur économique qui œuvre sur le marché, mais selon ses propres valeurs, qui réconcilie l’économie avec les territoires et agit donc en faveur de la relocalisation. Mais c’est surtout un modèle de justice économique puisque le partage des bénéfices y est équitable entre tous les salariés, quel que soit leur niveau, de la secrétaire au PDG. Tous sont « copropriétaires » d'une partie de l'entreprise et de sa réussite, qui sont leur bien commun.

mercredi 26 janvier 2011

Le renouveau productif (sur le site des idées et des rêves)

La grande question des années à venir est celle de notre renouveau productif. Car celui qui ne produit pas est toujours dans la main de celui qui produit. Ceux qui ne se soucieront pas de préparer les inventions, les produits et la richesse de demain, risqueront l’appauvrissement rapide. Si les Français veulent financer un bon niveau de retraite, de santé, d’éducation, de services publics, il faut d’abord reconstruire un socle industriel puissant.
 

La rente, voilà le véritable ennemi

Après avoir laissé distribuer des bonus aux traders, le moment est venu d’inverser les préférences collectives et de rémunérer le risque productif. Les rentiers qui gagnent leur vie en dormant, les monopoles privés qui essorent le travail des autres, l’actionnariat qui exige des niveaux de rentabilité démentiels, tous sont la France du lierre qui parasite et étouffe la France de l’arbre, et empêche celui-ci de croître. C’est cette France qu’il nous faudra affaiblir pour réorienter nos ressources dans la construction de la nouvelle société productive. Il ne s’agit pas de persécuter les actionnaires, mais au contraire de faire évoluer leur attitude et les ramener à l'utilité productive et industrielle. Ne soyons pas naïfs, dans une économie du renouveau productif qui appelle des investissements massifs, il faudra lever des fonds auprès d’actionnaires.
 

Une nouvelle alliance

Le moment est venu de construire l’alliance des producteurs avec les travailleurs contre les actionnaires : l’union des capitaines d’industrie et des salariés contre la confiscation du rendement et de la valeur de leur travail et pour un autre partage des richesses. C’est dans cette nouvelle alliance que nous trouverons les moyens de changer le travail. Pour cela, je défends trois propositions d’envergure : indexer les salaires sur les gains de productivité des entreprises afin de rétablir l’équilibre entre les salaires et dividendes ; faire entrer les salariés dans les conseils d’administration des sociétés avec voix délibérative ; rendre incompatibles les licenciements économiques avec la distribution de dividendes (si l'entreprise gagne de l'argent au point de distribuer une partie de ses bénéfices aux actionnaires alors dans ce cas elle n'a aucune raison de licencier).
Mais produire pour produire n’a pas de sens. Produire, ce n’est pas seulement fabriquer des biens, c’est organiser leur usage. Produire, c’est inventer la civilisation dans laquelle on veut vivre. Aux producteurs rassemblés avec les innovateurs et les travailleurs, je veux adjoindre les penseurs et les artistes. Une place doit leur être faite. Ils sont la condition de l’innovation. La création industrielle doit s’accomplir différemment, par l’incorporation des intelligences et savoir-faire et la recherche de l’innovation. C’est le mode de fonctionnement est celui des logiciels libres. La participation des utilisateurs et consommateurs a vocation à les améliorer sans cesse.

Les moyens d’une ambition

Ce renouveau productif mobilisera toutes les forces, publiques comme privées. Les belles réussites industrielles qui ont pour nom Apple ou Google ne sont pas le fruit des seules vertus du marché. Faut-il rappeler le rôle primordial des recherches menées par l’armée américaine dans l’élaboration de ce qui allait devenir internet ? Il faut que nous soyons capables de monter des équipes mixtes publiques et privées unissant les savoirs, débouchant à moyen terme sur l’élaboration des produits de demain, à organisant la production sur notre sol. Toutes les Nations qui croient dur comme fer en leur avenir ont imbriqué ces intérêts.

Drainer l’épargne vers l’investissement

Mais pour cela, il nous faut des moyens financiers puissants. Dans un rapport du Conseil d’Analyse Economique et Sociale de 2010, Jérôme Glachant et Jean-Hervé Lorenzi démontrent qu’il « nous faudrait de 30 à 40 milliards d'euros de plus par an pour redynamiser notre appareil productif ». Cet argent, c’est celui de chaque Français, qui sommeille sur nos comptes en banque. Chacun estimera que le sien est bien maigre, mais mis ensemble, la somme est considérable. En 2008, le patrimoine financier des Français était proche de 3 500 milliards d'euros. Pour convertir notre épargne en investissements, il faut créer des fonds destinés spécifiquement à l’innovation et à la mutation de l’appareil productif. Mais pour conjurer le risque plus élevé que celui d’une assurance-vie, ces fonds devront être garantis par la puissance publique. Ils n’exigeront pas un retour sur investissement immédiat – maladie du capitalisme financier – mais tireront bénéfices de leurs investissements. L’époque où l’on privatisait les bénéfices et où l’on socialisait les pertes doit se refermer. C’est un nouvel Etat que l’on peut ainsi faire naître, non plus distributeur universel et à perte, mais qui retire un profit légitime de son investissement, à condition que ce profit soit lui-même réinvesti dans l’utilité collective, y compris dans son propre désendettement.
On pourrait résumer le renouveau productif en trois formules : la production contre la rente, l’innovation contre la reproduction, et la démocratie contre la confiscation, portées par une alliance nouvelle.